Nos capsules : Impact économique 

Les actualités économiques de l’heure, démystifiées. C’est le rendez-vous que proposent nos experts Stéfane Marion et Denis Girouard.

La Réserve fédérale annonce enfin une pause

10 mai 2023        Transcription

Dans cette capsule : Résultats du deuxième trimestre | Décélération de l'inflation | Croissance démographique canadienne | Résilience du système bancaire canadien

Le secteur bancaire sous pression

30 mars 2023        Transcription

Dans cette capsule : Situation économique américaine | Érosion des dépôts | Effet de contagion au Canada? | Croissance démographique canadienne

Le marché a déjà escompté beaucoup de bonnes nouvelles

20 février 2023      Transcription

Dans cette capsule : Situation économique américaine | Érosion des dépôts | Effet de contagion au Canada? | Croissance démographique canadienne

Départ canon avec des surprises de taille

9 janvier 2023        Transcription

Dans cette capsule : Les prévisionnistes prédisent-ils une récession? | Les marchés boursiers démarrent l'année en force | La chaîne d'approvisionnement mondiale gagne en fluidité | Décélération de l'inflation pour plusieurs secteurs

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Les petits détails pour tout savoir

Bonjour à tous et bienvenue à Impact économique. Comme à l'habitude, se joint à moi notre chef d'économiste à la Banque Nationale, Stéfane Marion, qui va passer à travers les différentes données économiques qui se sont produites depuis notre dernière rencontre. Beaucoup de choses se sont faites, mais en même temps, juste un dernier rappel, vous vous souvenez à la toute fin on avait parlé de ce que les marchés feraient et ainsi de suite. Donc un léger rappel sur ce que le 2e trimestre nous a donné en termes de statistiques. Ce qu'on voit c'est que depuis le début de l'année, bon encore, tous les indices boursiers sont dans le positif, mais le 2e trimestre a été beaucoup plus dur qu'à l'habitude, donc on voit que y a un certain relâchement des indices boursiers dans le négatif, mais nous sommes toutes depuis le début de l'année, comme je disais tantôt, c'est encore dans le positif. Donc pas si mal, mais y a encore des données économiques qui varient beaucoup, surtout au niveau de l'inflation. C'est un chiffre qu'on regarde énormément, donc Stéfane où on en est présentement ?

Oui, Denis donc, première constatation, c'est que oui. Les indices boursiers obligataires sont en territoire positif année-à-date. On s'est remis des très mauvaises nouvelles reliées à des défauts bancaires aux États-Unis au mois de mars qui avaient plombés les marchés. On s'en remet, mais Denis, absolument, marché un petit peu plus nerveux, dans un contexte géopolitique plus incertain. Mais une chose ressort du lot, c'est que l'indice boursier canadien joue son rôle défensif cette fois-ci avec une performance plus positive que les autres à cause de la performance du secteur aurifère, donc protection dans un contexte géopolitique plus incertain. Puis aussi, une structure de taux d'intérêt qui demeure quand même à explorer au cours des prochains mois. Je pense que la bonne nouvelle, Denis, c'est que les banques centrales se mettent en mode pause. La Banque du Canada, c'est déjà un fait accompli depuis janvier dernier, puis la Réserve fédérale, après avoir fait 3 hausses supplémentaires par rapport à la Banque du Canada, semble aussi indiquer qu'elle est prête à prendre une pause.

Toujours est-il que les taux d'intérêt ont continué à augmenter, mais comme tu le dis si bien, on semble avoir une pause, qu'en est-il de l'inflation ? L'inflation, on a vu qu'elle a commencé à diminuer. Est-ce que ça se poursuit ?

Oui, on voit une décélération importante, Denis. Puis ça on la voit des 2 côtés de la frontière. On constate que l'inflation, est en de ça de 5% aux États-Unis, ça baisse un petit peu plus vite au Canada. La raison pour laquelle la Banque du Canada a pu prendre une pause avant la Réserve fédérale, mais un des enjeux pour la Réserve fédérale, c'est que l'inflation baisse, mais en même temps, elle doit composer avec un resserrement des conditions de crédit qui reflètent certains enjeux au niveau des banques régionales américaines où c'est pas tout fini, Denis, à ce niveau-là. Puis on n'a qu'à constater qu'avec une faillite supplémentaire aux États-Unis, donc First Republic au début mai, 3 faillites bancaires. Il y a déjà 549 milliards d'actifs qui ont été touchés. Puis ça, ça se compare en 2008-2011 Denis, on se rappelle la crise financière, 414 faillites bancaires avec des actifs qui dépassent 77 milliards. Donc c'est pour montrer à quel point que c'était 3 faillites bancaires seulement jusqu'à présent, mais les actifs touchés sont quand même considérables. La Réserve fédérale doit faire preuve de prudence.

Oui exactement, et le contexte est quand même assez différent, comme on l'avait expliqué dans la précédente capsule. Mais présentement aussi, il y a un autre phénomène qui se pointe à l'horizon, c'est le plafond de la dette. Ça arrive à peu près à tous les 10 ans ou à peu près là. Grosso modo. Je n’ai pas de statistiques dans la tête, mais là, présentement, encore une fois, ça pointe à l'horizon, donc encore de l'incertitude. Puis qu'en est-il en par rapport à cette situation-là, Stéfane ?

Denis, je pense, tu l'as mentionné, on l'a vécu ensemble en 2011. Il y avait des inquiétudes de défaut dettes aux États-Unis, qui étaient relativement importants. Cette fois-ci, les inquiétudes sont plus grandes qu'en 2011. Je dirais que la probabilité de défaut se situe seulement à 5%, ce n’est pas un scénario de base Denis, mais je pense que tu seras le premier à dire que s'il n'y a pas de défaut - je pense que le défaut est très improbable, mais est-ce qu'il serait possible d'avoir une autre des cotes comme en 2011 ? Puis ça je pense que la décote pourrait impacter aussi les marchés financiers à cause de la perte de la côte de crédit triple A aux États-Unis, qui pourrait avoir une incidence sur le marché financier.

Oui, mais on peut se rassurer, Joe Biden ce matin a dit qu'il n'y aurait pas de défaut, donc s'il le dit, c'est le président, il doit le savoir, donc ils vont arriver à une entente je suppose. Mais de toute façon, ils arrivent toujours à une entente. C'est toujours - on pourrait dire un "show" là sur puis beaucoup, beaucoup de commentaires à cet effet, mais on arrive toujours à une entente à 00h00 moins une ou 00h00 et une. Mais t'as raison s'il y avait une décote du pays, en fait des États-Unis, ça amènerait une situation plutôt particulière dans les marchés financiers qu'on n’a vraiment pas connu donc peut-être encore une autre variable qu'il va falloir comprendre et analyser dans les prochaines semaines, mais à suivre. On a parlé beaucoup à la dernière capsule de tout ce qui était le système bancaire. On va faire un petit retour aussi parce que les choses évoluent. Les dépôts, c'est à la mode, tout le monde en parle, c'est ce qu'on regarde le plus au niveau des banques, des banques à charte canadiennes aussi. Qu'en est-il des dépôts au Canada ? Est-ce qu'on a vu des changements depuis notre dernière capsule ?

Ok. L'érosion des dépôts se poursuit encore aux États-Unis, mais ce n'est pas le cas au Canada, Denis. Et puis ça c'est important. La tendance demeure haussière dans un contexte où le système est moins éclaté au Canada, donc un système plus fermé qui permet de conserver cette tendance haussière là puis donner - la tendance, une partie de ce qui explique, en fait une bonne partie qui explique la tendance haussière des dépôts au Canada, c'était cette démographie dont nous avons parlé la dernière fois, mais qui demeure époustouflante encore une fois en date du mois d'avril. Puis dans les 4 premiers mois de l'année, Denis, la croissance de la population en âge de travailler est en hausse de près de 270,000 individus. Ça, c'est plus que ce que l'Angleterre fait en une année. Donc en seulement 4 mois, la population en âge de travailler atteint des sommets de croissance sans précédent. Et puis évidemment, ça, ça a une incidence sur le dépôt bancaire au Canada. Pourquoi Denis ? Parce qu'au Canada, c'est 81% de la population en âge de travailler qui a une relation avec une institution financière, ça se compare avec 66% aux États-Unis, donc 81% avec une croissance phénoménale de la population dans l'âge de travailler se traduit par une tendance haussière au niveau des dépôts.

Stéfane, c'est des chiffres très intéressants, puis qui nous forcent à admettre que le système bancaire canadien, à cause de tout ce que tu viens de dire, est encore très résilient face à ce que ce qui se passe ailleurs sur la planète. Donc on a un pays en évolution, en constante évolution, mais surtout au niveau des nouveaux arrivants, qui est vraiment exceptionnel. Puis ça, ça amène toute une variable totalement différente dans l'activité bancaire, l'activité de dépôt, mais aussi ça fait que nos institutions financières sont plus robustes que les Américains. Je pense que tu as une statistique là-dessus.

Oui, puis c'est sûr que la croissance de la population est tellement époustouflante présentement que ça amène des certains enjeux au niveau de la capacité d'absorption au niveau du secteur immobilier, mais en même temps, Denis, au niveau des bénéfices des financières au Canada, on peut constater que depuis 2006, les bénéfices sont en hausse, ont été multipliés par 3, alors qu'aux États-Unis, on est en hausse de 40%. C'est là où la démographie avec le lien de confiance entre la population dans j'ai travaillé et leurs institutions financières se répercutent sur la meilleure tenue, meilleure performance au niveau des bénéfices d'institutions financières. Ce qui fait en sorte que c'est un secteur beaucoup plus résilient, avec une structure réglementaire aussi beaucoup plus sévère qu'aux États-Unis. Mais tout ça se traduit par des bénéfices plus élevés que dans d'autres régions du monde et ce qui amène aussi cette performance du marché boursier canadien par rapport au reste du monde.

Effectivement, ça l'explique la différence qu'on voit dans le marché boursier canadien. Quand tu rajoutes les aurifères, plus le système bancaire qui est résilient, donc on voit que même si les marchés au 2e trimestre d'équité à travers la planète ont souffert un peu, le marché canadien continue à bien faire. Donc, merci beaucoup pour toutes ces statistiques, merci beaucoup Stéfane et en espérant que ça vous a donné un point de vue ou une vision un peu différente de ce que vous pouvez lire dans les journaux sur l'aspect économique et toutes les variables qui s'ensuivent et qui vont vous aider aussi à - permettre à avoir peut-être une meilleure stratégie ou définir aussi quels vont être vos investissements pour les prochaines semaines. Donc encore une fois, un grand plaisir d'être avec vous pour cette capsule économique. Et on se dit à la prochaine. Merci, au revoir.

Bonjour à tous et bienvenue à notre rendez-vous Impact économique du 30 mars 2023. Alors, comme à l'habitude, notre invité Stéfane Marion va aborder un sujet d'actualité comme vous le savez tous, le problème des banques qu'on a connu dans 2 dernières semaines. S'il vous plaît, Stéfane, à toi le micro.

Oui, bonjour Denis. Effectivement un stress bancaire comme on n'avait pas vu depuis longtemps, qui pour le moment est surtout concentrée aux États-Unis, bien que c'est en train de s'apaiser. Vous constatez dans la première diapo, puis Denis, ça nous rappelle des souvenirs de la crise financière, Denis aux premières loges de tout ça à l'époque-là. Le total des actifs sous pression au niveau bancaire a atteint la coquette somme de 320 milliards alors qu'une ou 2 institutions qui étaient touchées alors qu’à l'époque, c'était beaucoup plus généralisé, mais le montant était similaire. Heureusement, la Réserve fédérale, il s'agissait surtout d'un problème d'appariement de certaines banques, avec la forte remontée des taux, mais la Réserve fédérale a répondu avec des mesures ou le déploiement de mesures qui aidaient à faciliter remettre de la liquidité dans le système. Denis, peut-être certaines observations de ta part.

En fait ce qu'il faut vraiment remarquer cette fois-ci, c'est que c'est hyper concentré dans un secteur d'activité très déterminé, donc c'est pas quelque chose qui a pris de l'expansion là. Comme on a vu même dans « Savings and Loans », à l'époque, dans la fin des années 80 où là aussi c'était la cause première qui avait provoqué ces faillites-là c'était les hausses des taux d'intérêt. C'est la seule similitude qu'on peut avoir aujourd'hui. C'est vraiment la hausse des taux d'intérêt. Alors qu'en 2008 c'est vraiment un problème de crédit, donc faut pas comparer la période 2008 à la période 2023 où là, les gens essaient de faire des comparaisons. C'est 2 situations totalement différentes, donc faut faire attention là dans le comparatif. Ça faut revenir très longtemps dans le temps-là, les « Savings and Loans », il y a beaucoup de monde qui n’ont jamais connu ça, mais fin des années 80 où les taux d'intérêt se sont mis à monter beaucoup, c'est là qu'on a vu les « Savings and Loans » aussi qui ont eu des problèmes d'appariement. C'est la même situation là.

Puis je pense que Denis, ça reflète aussi qu'au niveau des banques centrales, lorsqu'on a monté les taux de façon aussi agressive, à un moment donné il faut peut-être prendre un peu de recul, prendre une pause puis voir quel est l'impact capacité d'absorption du système. La bonne nouvelle, et je pense un des éléments déclencheurs de ce qui s'est passé aux États-Unis, c'est l'érosion des dépôts. Puis comme vous pouvez constater, pour la première fois depuis les années 70 en fait, les dépôts étaient en contraction, sont en glissement annuel. Mais remarquez que là-dedans il y a une érosion des dépôts qui est due aussi à un retour à la normale après l'augmentation subite pendant la COVID où plein de compagnies qui avaient des profits déposés au niveau des banques. Donc je pense que cette érosion des dépôts a amené certains problèmes d'appariement au niveau des banques.

C'est là qu'il faut faire très attention dans le comparatif parce que présentement, ce qu'on regarde beaucoup, puis probablement toutes les banques à travers la planète, regardent le comportement des consommateurs envers leurs dépôts. Et puis oui, on peut voir une érosion, mais une érosion qui devrait - semble toute être naturelle, compte tenu que la pandémie est venue totalement changer les datas qu'on a sur les dépôts. Donc ce n’est pas parce qu'il y a une érosion des dépôts, puis souvent ce qu'on va voir, c'est les comptes qu'on appelle « cash » qui s'en vont dans du plus long terme à cause des taux d'intérêt, donc on va voir les balances de dépôt en argent dans les banques diminuer. Ce n’est pas quelque chose de mauvais en soi de présentement, c'est juste un comportement du consommateur. Donc faut faire vraiment attention dans les comparatifs qu'on fait, puis surtout pas tirer de conclusions là. Parce que là on va avoir la tendance à revenir à la normale.

Oui avec l'épargne excédentaire qui se résorbe.

Exactement.

La bonne nouvelle, c'est qu'avec le déploiement des mesures de facilité qui ont été déployés par la Réserve fédérale, vous pouvez remarquer que le marché boursier tend à se replacer et en date d'hier, en fait du 30 mars, on est même revenus en territoire positif. C'est certain qu'il y a un stress sur le secteur bancaire qui demeure pour l'instant parce qu’il y a lieu de penser qu'il y aura un certain resserrement au niveau de la réglementation auprès de plusieurs banques américaines au cours des prochains mois.

Oui, puis cette réglementation-là va surtout être pour les banques régionales, qui avaient eu un assouplissement à l'époque de Monsieur Trump où il avait changé vraiment la réglementation pour ce genre de type de banque-là. Je pense qu'on va revenir à où on était auparavant. Puis en même temps aussi, ce qu'on se rend compte, c'est qu’avec Crédit Suisse, qui est un autre problème totalement à l'écart de ce qu'on a connu aux États-Unis. Mais c'est sûr que tout le secteur de l'équité a souffert dans les dernières semaine-là et surtout le secteur financier par ailleurs.

Mais ça se replace.

Oui.

Puis plus près de nous, au niveau des banques canadiennes, puis ça c'est important parce que les gens craignaient la contagion. La bonne nouvelle, c'est que les banques américaines demeurent en baisse de 14% depuis le 8 mars, donc l'éclatement de SVB. Remarquez que les banques canadiennes surperforment les autres banques au niveau mondial avec une baisse relativement modeste dans le contexte actuel. Une baisse de 6% qui reflète, je pense Denis, la gestion plus prudente des actifs des banques canadiennes par rapport à ce qu'on voit dans les autres régions du monde.

Effectivement.

Meilleure diversification des dépôts, meilleure diversification de la « business » en général, du modèle d'affaires et puis naturellement un régulateur qui est très au fait de ce qui se passe là au quotidien. Donc une surveillance accrue de tous les mouvements, comme on disait tantôt, du consommateur canadien. Même que jusqu'à présent, il ne se passe strictement rien. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on a connu aux États-Unis, dans en fait pour le SVB, on n'a rien, rien à avoir avec ça présentement. Donc c'est une situation qui, qui n’est pas plaisante parce qu'on ne veut jamais voir le marché de l'équité perdre de la valeur, mais présentement c'est juste par sympathie que je dirais qu'on suit tout ce qui se passe à travers la planète. Donc pas tant de problèmes que ça quand on est une valeur comparative.

Puis ce qui milite contre une contagion trop dramatique pour les banques canadiennes c'est le fait que la croissance des dépôts est encore au rendez-vous. Et ça, c'est important. J'ai une épargne excédentaire qui demeure plus élevée au Canada qu'ailleurs dans le monde. Puis, comme vous pouvez le constater, les banques canadiennes ne font pas face à une érosion de la base des dépôts, comme on l'a vu aux États-Unis et dans certaines juridictions en Europe. Et je pense que Denis, c'est important de rappeler aux gens pourquoi les banques canadiennes peuvent espérer conserver cette tendance haussière au niveau des dépôts. Puis, on l'oublie souvent, mais la croissance démographique.

Ça été ton cheval de bataille depuis plusieurs années-là, parler de démographie au Canada, donc on le voit vraiment encore une fois, et même encore plus là. Les chiffres sont absolument exceptionnels quand on compare et on se compare même aux Américains. Toutes proportions gardées, c'est absolument incroyable la croissance de la population au Canada. Donc définitivement, encore de l'argent sonnant qui va rentrer dans les banques, donc encore une bonne diversification des dépôts. Donc difficile de penser qu’une situation problématique pourrait survenir dans les prochaines semaines, prochains mois au Canada, compte tenu de la démographie.

Mais en fait ce n’est pas les mêmes facteurs, donc au niveau de la démographie Denis a raison. Pour vous donner des chiffres par rapport à ses propos, on parle d'une croissance de la population canadienne l'année passée de plus d'un 1,000,000 d'individus. C'est sans précédent. Pour vous donner une base de comparaison, la croissance annuelle de la population en France, c'est 100,000 personnes par année. Au Royaume-Uni, c'est 200,000 personnes par année. Le Canada à 1,000,000 excède ces 2 pays-là combinés, une population de 100,000,000 et plus. Donc c'est important parce que ça veut dire que j'ai une croissance de la démographie qui aide les banques canadiennes à pouvoir avoir cette croissance de dépôt à plus long terme qui demeure sur une tendance haussière. Donc c'est la meilleure démographie de tous les pays de l'OCDE, de loin. Donc dans ce contexte-là, encore une fois la contagion du système bancaire canadien elle est plus limité dans un contexte de croissance démographique qui aide à soutenir le cycle du crédit. Puis l'autre chose, c'est que la Banque du Canada, Denis, elle semble être plus pragmatique, a eu la capacité de prendre une pause autour de ces taux d'intérêt dans un contexte où l'inflation diminue, somme toute plus rapidement qu'attendue. Et ça, je pense que c'est une bonne nouvelle pour aider à soutenir le secteur bancaire canadien.

Maintenant, avec toute cette toile de fond là, qu'est-ce qu'on fait? Où mettre notre argent ? Dans quoi on investit ?

Mais Denis, on a parlé que la contagion pour le secteur des financières canadiens est moins propice dans le contexte actuel. Cela étant dit, c'est certain, qu'il y aura moins de disponibilités au niveau du crédit bancaire aux États-Unis dans les prochains mois, ce qui présage d'un ralentissement économique plus important. Donc. Pour le moment, Denis, plus défensif, des encaisses légèrement au-dessus des recommandations normales. Puis aussi, nous avons augmenté notre exposition au niveau du secteur obligataire dans les dernières semaines, encore une fois pour refléter le fait qu'avec moins de crédit disponible il y aura un ralentissement économique. La bonne nouvelle, c'est que l'inflation va baisser et on espère que la Réserve fédérale sera en mesure d'arrêter de monter ses taux au cours des prochaines semaines.

Ou à tout du moins les baisser vers la fin de l'année.

Peut-être même, oui.

Bravo, merci. Alors merci Stéfane, encore une fois pour ces précieux conseils. Merci d'avoir participé à cette capsule économique. Très heureux de cette première avec vous aujourd'hui. En espérant que ça l'a mis un peu en lumière les situations qu'on a connu dans les dernières semaines ont été quand même assez volatiles, donc s'il vous plaît, on reste calme. Et puis le soleil va se lever encore demain matin. Merci beaucoup, à la prochaine.

Bonjour tout le monde et bienvenue à cette capsule économique du 20 février 2023 qui sera ma dernière puisque dans quelques semaines je serai un nouveau retraité de la Banque Nationale, mais ne vous en faites pas, la production se continuera avec notre invité de marque, comme toujours, Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.

Bonjour Martin.

Alors Stéfane, on a ce qu'on attendait en début de 2023, c'est à dire une belle tendance de décélération du côté de l'inflation.

Oui Martin, bien que certaines frustrations au niveau des gens, l'inflation a baissé moindre que prévu en janvier, mais à 6.4% Martin au total, là pour les États-Unis, on va voir le chiffre canadien bientôt, il n’en demeure pas moins qu'on est très loin du 9%, donc clairement l'inflation va dans la bonne direction et même si les banques centrales continuent de dire qu'il y aura peut-être d'autres hausses de taux, le marché obligataire ne les croit plus Martin.

Oui, ça c'est très important. On en a parlé, il faut le surveiller de près, c'est le fameux écart entre les taux à court terme et les taux 2 ans.

Oui, puis là, ce qu'on peut constater Martin, c'est que depuis le 15 décembre passé, les taux du Trésor américain 2 ans sont passés sous le taux directeur de la Banque américaine. Même chose au Canada, en passant. Donc les marchés disent, il y aura un pivot qui viendra au niveau des banques centrales d'ici les prochains trimestres.

Et pourquoi c'est important ce pivot-là ?

Parce que les anticipations de pivot ont tendance à une période faste pour les actions Martin. Historiquement, entre le début de l'inversion et la première baisse de taux d'une Banque centrale aux États-Unis, on parle à peu près d’un délai de 7 mois, 202 jours à peu près, et dans tous les épisodes précédents, lorsqu'il y a inversion, la bourse a bien fait avec un rendement d'autour de 8%. Ce qui est particulier cette fois-ci, Martin, c'est que depuis le début de l'année-là, une certaine accalmie au niveau des marchés, mais on a fait en 66 jours, on avait presque fait ce qu'on fait en 202 jours. Donc il y avait beaucoup de bonnes nouvelles escomptées, mais ce n'est pas normal pour la Bourse de bien faire. On prévoit un atterrissage en douceur, mais encore faut-il qu'il soit confirmé Martin.

C'est ça, donc la bourse va souvent prédire un atterrissage en douceur. C’est plus facile à dire que qu'à faire.

C'est la grande incertitude Martin. Les anticipations de croissance pour les bénéfices en 2023, c'est une croissance positive au niveau mondial. L'enjeu, par contre, c'est la fonction de réaction des entreprises dans un contexte où les marges bénéficiaires sont en train de s'effriter des 2 côtés de la frontière. Et ça, on le constate avec la baisse de la capacité de remonter les prix. C'est l'inflation des salaires, Martin. On ne peut pas augmenter les prix de façon si agressive, donc les marges bénéficiaires qui se contractent et en général ça, ça peut avoir un impact sur le marché d'emploi.

Justement, donc c'est une des fonctions que les compagnies contrôlent et il va falloir surveiller ça. Ça stagne déjà aux États-Unis.

Absolument, puis tout ça Martin, le scénario d'atterrissage en douceur ou pas, va se confirmer via le marché de l'emploi. Puis c'est vrai qu'aux États-Unis, le marché, les données ont surpris à la hausse dans les derniers mois. Par contre, si on regarde l'emploi à temps plein uniquement, on voit que c'est du sur place aux États-Unis. Canada fait du surplace, a accéléré dans les 2 derniers mois Martin, mais je pense que des 2 côtés de la frontière, on devra, on va voir, on va constater une décélération importante au niveau du marché de l'emploi. Et tout ça va déterminer l'ampleur du cycle économique et donc aussi la performance des actifs risqués comme la bourse.

Pourquoi le Canada fait mieux, Stéfane?

Producteur de commodités, donc on a été moins impacté à ce niveau-là. Pétrole fait bien, l'énergie fait bien, mais aussi toutes les denrées alimentaires, Martin, le prix des métaux de base, nous a donné une certaine résilience.

Donc en conclusion, c'est un excellent début d'année. On anticipe un atterrissage en douceur. Plus facile à dire qu'à faire.

L'atterrissage en douceur, en général Martin, c'est une exception à la règle. Nous, on pense une croissance autour de 0.5%, c'est un peu une stagnation Martin, trop tôt pour dire que c'est une vraie récession. Les gens sont en train de bouger, vers un atterrissage en douceur, mais encore faut-il qu'il ait ce fameux pivot des banques centrales dans un contexte d'incertitude géopolitique très grande aussi.

Puis on va voir l'impact des hausses de taux dans les prochains mois.

Absolument.

Et le géopolitique demeure très incertain.

Ce qui pourrait revigorer l'inflation dans les prochains mois, on va bientôt fêter le premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Il y aura peut-être des coups d'éclat souhaités par l'armée russe. On pourrait détruire des infrastructures qui sont clés pour l'approvisionnement mondial en énergie, mais aussi on n'a qu'à penser aux céréales produites en Ukraine. Donc on pourrait avoir une réaccélération de l'inflation mondiale due à ce conflit, donc à ne pas sous-estimer.

Excellent, merci beaucoup Stéfane. Merci tout le monde d'avoir été à l'écoute, on a beaucoup appris sur comment communiquer avec vous au cours des 3 dernières années, ça a été un grand plaisir de faire tout ça. Rappelons-nous même en 2020, quand le docteur Weiss nous avait dit que le retour à la normale serait en 2024, et on était assez estomaqué, donc ce fut un plaisir. Demeurez à l'écoute comme je disais, la production va se continuer. Et puis merci pour tout. Au revoir.

Merci Martin.

Bonjour tout le monde est bienvenu à cette capsule économique du 9 janvier 2023. J'en profite pour souhaiter nos meilleurs vœux à tous les clients et amis de la grande famille de la Banque Nationale. Bonjour Stéfane.

Bonne année Martin.

Merci à toi aussi, alors Stéfane, on a parlé il y a quelques semaines d'une année 2022 qui a été difficile à tous les niveaux. Peut-être une dernière statistique là-dessus, ça a été en fait la pire année depuis très longtemps.

Pour un portefeuille équilibré Martin, ça fait plus de 150 ans qu'on n'avait pas connu une DG, donc une baisse importante à la fois des actions, baisse de 18%, et au niveau des obligations, 15% là pour un portefeuille équilibré. C'était une très mauvaise année, puis enfin Martin c'était la première fois seulement depuis 1958-1959 que les obligations baissaient pour 2 années de suite.

Et les obligations n’ont jamais baissé 3 années de suite?

Ah ça Martin, oui, c'est un bon point. Puis je doute que ce soit le cas en 2023. D'autant plus que si on regarde la prochaine diapo, on constate que la récession c'est la plus anticipée de tous les temps. Donc présentement, si on fait un sondage auprès des prévisionnistes dont je fais partie, c'est à peu près 50/50, à peu près où gens se situe au niveau de la récession, donc jamais une récession n'a été anticipée autant que ce qu'on voit présentement en ce début d'année.

Donc ça a été très médiatisé ça Stéfane. Beaucoup, beaucoup de négatif dans les prévisions, mais le marché part en feu en 2023.

Oui, il ne faut pas toujours se fier aux économistes puis aux prévisionnistes, puis aux stratèges, parce que la réalité Martin, c'est qu’on débute ce départ canon pour les actifs risqués. Au niveau obligataire, dans un contexte d'arrondissement économique, fallait s'attendre à ce que le marché obligataire fasse bien en début d'année, mais ce qui est surprenant, c'est la vigueur des marchés boursiers. En fait, c'est généralisé, Martin. C'est à la fois les pays émergents et aussi les pays producteurs de commodités, les États-Unis, tout le monde fait bien en ce début 2023 pour toutes les classes d'actifs dont les actions.

Et peut-être qu'on peut pour expliquer ça, on peut regarder du côté des chaînes d'approvisionnement.

Ah oui, les attentes sont que l'inflation va décélérer en 2023, puis peut-être réduire fortement le risque de récession. Ce que l'on constate Martin, c'est qu’avec tous les indicateurs qui sont publiés dans les dernières semaines montrent qu'il y a une fluidité beaucoup plus grande au niveau de la chaîne d'approvisionnement mondial, puis dans le secteur manufacturier, que ce soit les nouvelles commandes, les prix des intrants, les délais de livraison, tout est en baisse. Donc ça laisse présager une inflation au niveau des biens de consommation qui soit moins grande au cours des prochains mois. Puis ça on avait déjà commencé à le constater récemment, mais ça se confirme de plus en plus.

Oui, et Stéfane, ce qui est surtout surprenant, c'est que cette fois-ci, ça ne se limite pas au secteur manufacturier.

Oui, ça Martin, c'est la grande surprise parce que jusqu'à présent, les banques centrales ont nié la capacité de l'inflation des services à ralentir. Or, ce que l'on constate, c'est qu'à la lumière des plus récentes données, c'est que l'industrie des services aux États-Unis est déjà en très forte décélération. En fait, la baisse mensuelle était la 2e plus grande en une génération, donc ça laisse présager moins d'activité économique dans les services, mais Martin, surtout moins d'inflation dans les services au cours de l'année 2023.

Stéfane, tout le monde parle d'inflation, de récession - pardon, d'inflation aussi, mais la grande question encore une fois, c'est le marché de l'emploi qui pour l'instant demeure très, très fort. Qu'est-ce que t'en penses?

Martin, je veux démystifier la tout ce que j'en dis. Ce n’est pas 2 trimestres de PIB qui constituent une récession, ça c'est une fausseté ne vous fiez pas à ça. Ce qui définit une récession, c'est ce qui se passe au niveau du marché de l'emploi. Or jusqu'à présent, tant aux États-Unis qu'au Canada, les emplois temps plein font bien. Aux États-Unis, l'emploi surprend. Par contre, ce qu'on constate Martin, c'est que ça manque de vigueur aux États-Unis, ce n’est pas une baisse, il y a du surplace au niveau des emplois temps plein. Et ça, c'est important à surveiller, ce que l'on veut voir aux États-Unis c'est un certain surplace au niveau de l'emploi. On ne veut surtout pas assister à des baisses d'emploi dramatiques qui viendraient saper le pouvoir d'achat des ménages américains et amener à une baisse des profits des entreprises beaucoup plus grandes que ce qui est anticipé présentement. Donc, au niveau du marché de l'emploi, Martin, ça laisse encore présager une possibilité d'atterrissage en douceur de l'économie.

Et c'est ça qui est intéressant, Stéfane, parce qu'on a essentiellement la Fed qui nous dit qu'ils vont continuer d'augmenter les taux et peut-être à cause de l'emploi, le marché ne croit pas là Fed.

Ah Martin, pour avoir une possibilité d'atterrissage en douceur, encore faut-il que les banques centrales cessent de monter les taux. Donc on a parlé que l'inflation semble être sur la bonne voie de décélération. L'emploi aussi est beaucoup moins vigoureux et ce qu'on voit Martin présentement, c'est que le marché des obligataires ne croit pas au scénario de la Réserve fédérale, qui continuent de clamer haut et fort qu'elle va continuer à monter les taux à 5.5% s'il le faut. Or, pour la première fois du cycle et les taux du Trésor à 2 ans sont en deçà des taux fédéraux, donc, historiquement, Martin, ce n'est jamais arrivé que la Réserve fédérale monte ses taux après que le marché obligataire a donné le signal que non, on ne croit plus à ce scénario-là, l'inflation sur la bonne voie, plus besoin de monter les taux.

Stéfane, un des thèmes importants de l'année 2022, aurait été la force du dollar américain. Peut-être qu'on voit des signes d'essoufflement.

Ça c'est important, Martin, parce que beaucoup de gens sont pessimistes par rapport au prix des commodités en disant que quand la Réserve fédérale va continuer de monter les taux, le dollar américain va continuer de s'emballer. Mais si la Réserve fédérale prend une pause, bien on voit déjà, on constate déjà que le dollar américain perd de sa vigueur et ça, c'est important. Ça fait beaucoup moins de stress pour les pays émergents, donc ça permet une croissance plus robuste dans le reste du monde, la capacité de payer leurs dettes en dollars américains par exemple, Martin. Et la bonne nouvelle Martin, c'est que le dollar américain faiblit, donc c'est cohérent avec la diapo précédente qui montre que le marché ne croit pas vraiment au niveau de la prévision de la Banque centrale. Donc encore faut-il que tout ça se confirme. Et la bonne nouvelle pour 2023? Martin, je pense que pour un dollar américain plus faible, c'est qu'il y a une divergence de politique monétaire qui s'annonce entre la Chine et les États-Unis. La plus grosse nouvelle, je pense des dernières semaines Martin, depuis la dernière fois qu'on s'est vu, c'est cette décision de la Chine d'ouvrir subitement son économie, ce qui amène une capacité de compenser le ralentissement américain pour 2023.

Alors Stéfane, en conclusion, oui, un ralentissement économique en 2023. L'ampleur, selon l'inflation et le marché du travail, il y a des éléments compensatoires à tout ce qu'on voit, qui est négatif. Mais nous on demeure défensif, mais on ne voit pas d'un scénario catastrophique en 2023.

Pour le moment, Martin, du moment que les banques centrales effectuent le pivot, cessent de monter les taux, peut-être même baisser les taux comme nous on pense en 2023 serait une excellente nouvelle pour l'économie et pour les marchés. Mais pour le moment, Martin, encore faut-il confirmer ce pivot des banques centrales. Donc le message en ce début d'année oui, départ canon pour les actifs risqués dont la bourse par contre, soyez prudents, encore faut-il confirmer cette décélération de l'inflation et ça, ça va venir dans les prochaines semaines. Donc j'attendrai un petit peu plus longtemps avant de déployer des sommes dans les actifs risqués, donc une répartition d'actifs qui demeure défensive pour le moment de notre côté, Martin.

Excellent, merci beaucoup Stéfane, Merci tout le monde d'être à l'écoute. Et encore une fois, nos meilleurs vœux à tout le monde pour 2023. Au revoir.

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