
Parfois appelée économie de la pige, de partage ou de jobines, la gig economy signe, selon certains observateurs, la fin de l'emploi à temps plein pour les générations futures. Mais, qu’est-ce que la gig economy ?
Selon Daniel Mercure, professeur titulaire au département de sociologie de l’Université Laval, qui s’intéresse de près au phénomène, la gig economy désigne un environnement de travail dans lequel se multiplient les emplois atypiques : des emplois temporaires fondés sur des contrats à durée limitée occupés par des travailleurs indépendants, des sous-traitants ou des employés à temps partiel.
Voici, selon lui, dix effets concrets de la multiplication des emplois atypiques sur le monde du travail.
Si cette économie apporte plus de flexibilité et de liberté aux travailleurs, elle limite de façon radicale les protections sociales. Le risque est maintenant assumé par le travailleur. De nouvelles formes de protection pourraient voir le jour, telle la « flexisécurité » développée par les pays scandinaves.
La diminution des protections sociales mènera ces travailleurs à prendre leur retraite plus tard que les générations précédentes.
La spécialisation de la main-d’œuvre et l’accès à la crème de la crème des travailleurs permettra aux entreprises d’innover et de devenir plus productives, et ce, à moindre coût.
Puisque nous passerons d’un système de prestations déterminées à un système de contributions déterminées, les sommes placées seront dépendantes du marché. On peut déjà noter une diminution des garanties et de l’engagement des entreprises.
Le temps où l’on mettait tous ses œufs dans le même panier est révolu. Il sera dorénavant plus sage que jamais de varier ses placements pour assurer son avenir et sa retraite.
Ce nouvel environnement mènera les syndicats à demander de nombreux changements au chapitre du droit du travail. On pourra aussi observer l’avènement de nouvelles formes de syndicalisation (par secteur, par exemple).
Le noyau stable d’une entreprise, bien que nécessaire, sera réduit, et les entreprises compteront majoritairement sur des employés atypiques. Dans le secteur manufacturier, on peut déjà observer une diminution importante de la main-d’œuvre.
Le développement constant des nouvelles technologies permettra aux frontières de tomber, et de plus en plus d’entrepreneurs du Web prendront leur place, puisqu’ils pourront facilement trouver des clients et des contrats partout dans le monde.
Dans tous les secteurs qui demandent une main-d’œuvre hautement qualifiée, les travailleurs devront se spécialiser de plus en plus, puisque la concurrence deviendra féroce et qu’ils devront répondre aux exigences du marché.
La suppression des intermédiaires dans certains secteurs se traduit déjà par des économies d’échelle importantes. Le défi pour les entreprises est alors de répondre aux exigences de qualité de service chez les consommateurs.
Selon les plus récentes données de l’Institut de la statistique du Québec (2015), 37,4 % des Québécois occupent un emploi atypique. Chez les 15 à 24 ans, on parle de 67 %. Une étude réalisée par le groupe de logiciels financiers Intuit révèle par ailleurs que 80 % des grandes entreprises américaines ont l’intention de développer leur utilisation de la main-d’œuvre flexible et, d’ici 2020, 40 % des travailleurs américains pourraient être en situation de précarité. Selon MBO Partners, près de 18 millions de personnes aux États-Unis tirent désormais une grande part de leurs revenus d’emplois non traditionnels, et ils sont 12,5 millions à occuper ce genre d’emploi à temps partiel.
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